Pratique de l’intervention individualisée tout au long de la vie

Pratique de l’intervention individualisée se base sur l’expérience des praticiens en déficience mentale et en autisme et sur les travaux en psychologie de l’apprentissage et en Analyse Appliquée du Comportement. Ce livre donne des pistes pour développer la méthodologie de l’individualisation en lien avec la méthode ABA.

Le chapitre 1, mettre au point le Projet individualisé en équipe, est celui que j’ai choisi pour mettre en lien et en valeur le travail d’orthopédagogue. Celui-ci pouvant être intervenant lors de l’établissement d’un PI, qu’il soit un projet personnel  ou un plan d’apprentissage lors d’un cursus scolaire. Il peut également renseigner l’orthopédagogue sur le parcours de la personne afin de mettre au point des objectifs concrets avec l’équipe intervenante et le sujet.

Afin que l’intervention soit efficace, les intervenants doivent être d’accord sur un projet, par exemple :

« Ce qui est donc primordial d’apprendre à Pierre, c’est d’avoir de l’ordre. Nous lui apprendrons donc à donner une place à chaque chose et à toujours remettre les objets à leur place. » (Pratique de l’intervention individualisée)

Pour se mettre d’accord sur un projet, un coordonnateur est indispensable. L’orthopédagogue peut évidemment jouer ce rôle. Il permettra à l’équipe de parler d’une même voix. Cependant, le coordonnateur joue le rôle central dans l’élaboration du PI. L’orthopédagogue doit respecter trois critères décrits dans le livre :

  • Connaitre le bénéficiaire du P.I. et entrer en contact facilement avec lui, ses proches et ses intervenants;
  • Être informer sur les environnements de la personne concernée et les ressources disponibles;
  • Maîtriser les différentes étapes d’élaboration du P.I. et adhérer à la philosophie qui lui est sous-jacente.

Il est souvent convenu que cela soit l’enseignant qui prenne ce rôle. Cependant, cela lui donne un travail supplémentaire très important.

La logopède peut être un coordonnateur privilégié si l’enfant présente des troubles dys.

En inclusion, il sera, je pense, nécessaire qu’un orthopédagogue devienne coordonnateur. Etant spécialisé dans les maladies et les handicaps tout en ayant les notions de base de développement « normal » d’un enfant, il pourra être utile de faire appel à lui afin d’aménager un lieu qui place la personne en inclusion. Aussi, en étant en contact avec l’enfant, les intervenants dans la vie scolaire, extra-scolaire et la famille, l’orthopédagogue pourra fournir les outils et l’aide nécessaire pour le suivi de la personne. Nous pouvons prendre le cas d’un enfant, un adolescent ou un adulte autiste.

Dans le milieu institutionnel ou les services professionnels, l’orthopédagogue peut être éventuellement un référent à une personne en particulier pour coordonner et suivre son projet.

Le rôle de l’orthopédagogue peut ne pas être le coordonnateur mais aider une personne intervenante à l’être. Prenons l’exemple d’un parent qui souhaite coordonner le projet de son enfant: l’orthopédagogue vient en aide au parent sous forme d’un co-coordonnateur. Même chose si c’est le sujet lui-même qui souhaite prendre son projet en main. D’après Magerotte, « c’est en fonction de son développement et des efforts entrepris par les professionnels dans le cadre d’un apprentissage à l’auto-détermination. »

Un point important est l’évaluation. Le coordonnateur doit connaitre les forces et les besoins de la personne afin d’établir le projet et les objectifs. L’orthopédagogue peut évidemment se charger de cette tâche: relever sous forme de grilles, de questionnaires et d’échelles les différents points dans tous les milieux de vie : école, maison, académie,…

Pour cela, l’orthopédagogue a plusieurs choix de méthodes selon le trouble, le handicap et l’âge du sujet : PEP pour une personne avec un trouble autistique, P-A-C pour un enfant ayant une déficience intellectuelle, l’AAPEP avec l’utilisation d’échelles dans les différents milieux de vie, l’EFI pour évaluer les compétences fonctionnelles,…

Il peut alors évaluer l’autonomie, les compétences fonctionnelles et cognitives, les activités qui permettent un équilibre de vie, la sociabilisation, les infrastructures, les comportements, etc.

Plusieurs exemples de grilles sont présentées dans le livre.

Il est conseillé de mettre en avant les informations récoltées sous une forme claire comme un tableau ou une liste structurée avec mots-clés. De plus, la personne ne doit pas être évoquée avec des termes négatifs.

Après l’évaluation des forces et des besoins, il faut choisir les objectifs avec des activités adaptées à l’âge, des compétences fonctionnelles, ceux utiles dans la vie de tous les jours, ainsi que des compétences générales et des comportements positifs.

Lors de ces choix, l’intervention du bénéficiaire est de mise. S’il souhaite plus d’autonomie ou un choix de carrière, il est intéressant de le noter dans le P.I. Il en va de même pour la famille : les parents ont toujours des attentes de leurs enfants et il est possible que la demande sera que le sujet puisse communiquer verbalement dans le cas d’un trouble ou d’un retard. Au niveau des comportements à adopter, il faudra choisir ceux-ci avec discernement. Il faudra réfléchir au « pourquoi » utiliser ce comportement : par exemple, pourquoi apprendre à trier les poubelles ou apprendre à cuire quelque chose à la poêle? Ces comportements seront évidemment travaillés en fonction de l’âge chronologique de la personne et de son entourage.

Pour qu’une réunion du PI se passe au mieux, tous les intervenants et l’enfant doivent pouvoir s’exprimer. Le coordonnateur fera en sorte que des objectifs précis, clairs et réalisables ressortent de cette réunion. L’orthopédagogue peut veiller à ce que les informations recueillies chez les parents et le bénéficiaire soient mises en avant si les intervenants ne prennent en compte que le côté scolaire (désir de l’enseignant pour l’enfant etc).

Pour la formulation des objectifs, ils seront formulés en terme de comportement puisqu’ils sont observables.

L’énoncé de l’objectif doit :

  • décrire le comportement cible (comportement obtenu par la personne à la fin de l’apprentissage)
  • décrire les conditions de manifestation du comportement (comportement attendu manifesté dans des conditions spécifiques. attention, les conditions peuvent changer.)
  • préciser le critère de réussite (seuil minimum d’acquisition du comportement).

Ces trois points feront l’objet d’une synthèse sous forme de tableau qui peut être réalisé par le coordonnateur et/ou l’orthopédagogue qui suivra la personne dans son milieu.

Là est toute l’importance de l’orthopédagogue: il a l’occasion de suivre un sujet dans chacun de ses milieux et comparer ses observations avec celles des intervenants du milieu. (Les parents lors qu’il est à la maison, l’enseignant et les pairs à l’école,…) Il prend en compte le parole de chacun et aider à compléter ou à créer le P.I. ou à amener de nouveaux objectifs pertinents. Observer l’évolution est une de ses missions pour ajuster les objectifs et les comportements qui ne le serait pas par l’intervenant, manque de temps. Il peut également mettre en relation tous les intervenants et l’enfant si ce n’est pas déjà le cas. Mener une bonne coordination aidera le sujet à se développer dans les meilleurs conditions. De plus, par son expérience avec les personnes en difficultés, il aidera le sujet et son entourage à mettre en place de nouveaux outils suivant les objectifs prescrits. Dans ce cas, l’orthopédagogue peut être un coordonnateur ou un « médiateur »; être un soutien pour une équipe en difficulté ou un plus une équipe soudée.

 Voici un document reprenant l’analyse réalisée ci-dessus qui peut être téléchargé : pratique-individualiseegiphy